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jeudi 13 mars 2008

Pourquoi je n'aime pas lire des récits d'accouchement

En lisant (sur les blogues et forums) et en écoutant (à la halte-allaitement, par exemple) des récits d'accouchement, j'ai remarqué des femmes "fières" d'avoir "réussi" à avoir un accouchement naturel et/ou "comme elles le souhaitaient". C'est parce que je n'en peux plus de ce discours que je n'aime pas les récits d'accouchement.

Selon ce raisonnement, faudrait-il avoir "honte" si on a accouché avec des interventions médicales, ce qui revient à "échouer" dans la quête d'un accouchement naturel? À en croire certaines qui s'en excusent presque, ou du moins s'en défendent, on croirait que oui. À en croire aussi certaines réactions de mères "fières" quand d'autres mères "désolées" racontaient leur histoire (c'est fou comme certaines personnes manquent non seulement de perspective, ce à quoi j'espère remédier un peu par ce billet, mais aussi de tact).

Pour ma part, j'ai décidé que non.

Tellement de facteurs peuvent influencer le déroulement d'un accouchement, par exemple:
-Le degré de fatigue de la parturiente (certaines femmes dorment jusqu'à 16h/jour dans les jours ou semaines avant l'accouchement alors que d'autres, pour plein de raisons comme d'être au travail vs en retrait préventif, d'inconfort, d'anxiété, d'autres enfants qui se réveillent la nuit, etc., peinent à dormir quelques heures par jour)
-Le fait d'avoir crevé les eaux ou non (il semble que ça soit beaucoup plus douloureux si les eaux sont crevées)
-La position du bébé (s'il regarde vers l'avant, l'arrière ou le côté): influence la douleur et la rapidité de l'accouchement
-Le moment où ça commence (le matin après une nuit de sommeil ou à 22h, juste comme on allait se coucher; ça influence entre autres la fatigue et la faim, donc l'énergie!)
-Les personnes présentes (et selon les traditions de la famille et/ou belle famille et l'origine ethnique, certaines femmes n'ont peut-être pas autant de pouvoir qu'elles le souhaiteraient pour décider de cet aspect!)
-Les professionnels présents (comment ça clique avec eux, leur philosophie, etc.): sage-femme, médecin, infirmières (celles-là, on ne les choisit jamais, mais elles ont une énorme influence sur le déroulement d'un accouchement à l'hôpital!) ainsi que l'endroit où on accouche et sa philosophie périnatale
-Le conjoint: son attitude, son degré de fatigue à lui aussi... ou parfois carrément sa présence vs son absence
-Comment va le bébé: même si maman est super-zen, si le coeur de bébé faiblit et que l'accouchement n'est pas assez avancé, on peut ne pas prendre de chances et vouloir accélérer le tout pour s'assurer de son bien-être, voire de sa survie!

Et cette liste n'est sûrement pas exhaustive...

Je ne veux pas reprocher ni enlever leur bonheur à celles qui ont accouché comme elles le souhaitaient. C'est tellement agréable quand ça se passe comme on veut! Je veux seulement mettre les choses en perspective, pour tout le monde, car je pense qu'il y a un gros facteur de chance à cause de tous ces facteurs incontrôlables. Et même quand on "a le choix"... Parfois, on "choisit" ce qui est disponible, même si c'est loin de notre idéal (par exemple, en cas de pénurie de médecins!) Aussi, pendant un accouchement, il faut parfois prendre des décisions très rapidement et à tête pas reposée du tout. Et on ne peut pas vraiment "se pratiquer" avant le jour J! Enfin, l'idéal de l'une peut être très différent de celui d'une autre. Par exemple, certaines femmes diabolisent l'épidurale, d'autres la veulent d'emblée, et d'autres en ont une vision intermédiaire...

Tout ceci pour dire que, moi, les récits d'accouchement, je n'en peux plus, parce que j'ai trop lu de femmes se vanter ou se défendre et que je trouve les deux inacceptables.

P.S.: Aux futures mamans qui liraient ceci: je crois toujours que c'est important de se renseigner sur le déroulement de l'accouchement, les méthodes naturelles et pas naturelles contre la douleur, et tout et tout... bref, d'être le mieux "théoriquement préparée" qu'on peut. Mais quand on arrive en pratique, si la belle théorie fout le camp, il ne faut pas s'en vouloir!

9 commentaires:

Anonyme a dit...

Je ne saurais trop te dire à quel point je suis d'acord avec ce texte. Chaque mot. Moi non plus, je n'en peux plus, autant le récit des accouchements "réussis" que ceux de celles qui "regrettent".
J'en ai entendu des "le personnel de l'hôpital aimait venir dans ma chambre car moi au moins je gardais le sourire !" PFFFF !

Pour ma part quand je raconte mon accouchement je mets toujours ma situation en perspective (je ne dormais pas plus de 2 heures à la fois depuis 6 mois au moment de l'accouchement, et collectionnais les problèmes de grossesse) même si c'est loin d'être nécessaire - à chacune son expérience et merde. En plus d'un enfant à l'autre la mère peut vivre des accouchements très différents et ces témoignages montrent bien que ce n'est pas "à cause" de la femme que l'accouchement est "réussi" ou non (re-pffff) mais bien à cause de tous les facteurs que tu nommes.

J'ajouterais que, lorsqu'on attend un bébé, on est bombardée de livre, cours prénataux et autres, qui insistent dans une très large proportion sur la grossesse et l'accouchement (à une belle grossesse radieuse et un bel accouchement réussi). Or, pour moi, l'accouchement est le POINT DE DÉPART d'une aventure extrêmement exigente qui durera toute une vie et dont le premier mois est traumatisant, règle générale ! Alors basta. Préparons davantage les femmes enceintes au "après". L'accouchement dure rarement plus de 24 heures de nos jours (en tous cas 24h après la perte des eaux) car ils font une césarienne ou à tout le moins font des interventions pour que ça ne dépasse pas ce laps de temps. Tandis que le 24h sur 24h avec le bébé, il va durer des mois !

Merci Lucie !

Anonyme a dit...

Tout à fait !

On avait l'habitude de dire (ou de remarquer ?!?) que les plus zelées qui rentraient avec un plan (parfois même ÉCRIT sous forme de Je veux ceci, je ne veux pas celà) étaient celles pour qui ca allait définitivement mal tourner :P

Après tout, c'est la loi de Murphy, non ?

C'est comme dans n'importe quoi... il faut espérer pour le mieux et faire avec ce qui va arriver.

Que de sagesse Lucie... Celles pour qui tout a bien été sont en fait chanceuse. C'est parce que toutes les bonnes conditions étaient réunies !

Ya pas toujours de quoi se "vanter"...

Lucie a dit...

Merci pour vos commentaires les deux Marie!

Pour ce qui est du "plan de naissance", ce n'est plus réservé aux granoles-extrêmes-"je-veux-accoucher-de-façon-totalement-naturelle-idéalement-seule-dans-le-fond-des-bois"*, le CHUM en a même un gabarit que j'ai reçu (parmi 10000 autres documents ayant des degrés d'utilité très variés) dans mon cours prénatal au CLSC.

Je vais peut-être écrire ici au sujet de ce plan... Il n'a pas été très utile, mais il faut dire que d'après ce que j'ai compris après avoir parlé à plein de mamans, la Cité de la santé de Laval, où j'ai accouché, est un milieu relativement moderne et humain pour ce qui est de la maternité. Par exemple, plusieurs des éléments que la sage-femme Isabelle Brabant reproche aux hôpitaux (dans son livre célèbre Une naissance heureuse) étaient absents ou du moins, pas mal mieux que selon le portrait qu'elle dresse des hôpitaux (et pourtant, c'est une granole assez soft!)

Pour en revenir à mon plan, je réécrirais probablement à peu près le même pour la prochaine fois!

*Voir ici ce que je pense de cette attitude trop extrême... Je suis encore d'accord avec ce que j'ai écrit avant d'avoir accouché!

Anonyme a dit...

Quand je faisais référence aux zélées, évidemment, je voulais parler de demandes assez strictes ou farfelues, même pour moi qui me considère assez ouverte :) Il faut nous laisser un peu de marge de manoeuvre !

Mais le plan, comme on en a discuté, c'est aussi une attitude. On peut avoir des préférences sur l'approche à utiliser. Et on peut changer d'idée en chemin.

Le meilleur exemple pour la patiente est l'anesthésie :D

Un exemple pour le médecin pourrait être la césarienne... en fonction de l'évolution du bébé.

C'est vrai qu'on pourrait trouver médicalisé d'avoir à l'avance une voie veineuse d'ouverte, être installée dans un lit d'hopital, avoir du personnel habillée en scrub, être monitoré plus souvent qu'autrement... Mais ca demeure des mesures préventives "au cas où".

Pis on aime ca quand "le cas où" arrive pas" :)

J'ai pas été offusquée de la médicalisation de l'accouchement pendant mon stage, mais j'aimerais bien lire, un jour, ce qu'elles ont a dire là dessus.

Ceci dit, je serais aussi curieuse de comparer les statistiques de lacération chez les inuites en fonction de la position... Peut etre qu'elles sont simplement "faites autrement" ! Si on dit que de manière générale, les future-mamans noires ont généralement des bassins différents, pourquoi pas ? Les variations ethniques pourraient être une explication bien simple :)

En tk, je sais que j'avais demandé pourquoi on ne voulait pas avoir nos patientes dans une position autre lors de la poussée, et je sais que c'était justement pour pouvoir protéger le périnée des déchirures (on apprend rapidement à appliquer des pesées, qui facilitent en même temps la tête de bébé). Enfin... à voir ;P

Lucie a dit...

Marie-la-future-MD, pour ce qui est de l'attitude envers la médicalisation, ça varie beaucoup d'une femme à l'autre...

Par exemple, Isabelle Brabant (encore elle... mais son livre est pas mal incontournable quand on est enceinte au Québec!) reproche entre autres aux hôpitaux de forcer les femmes à mettre une jaquette d'hôpital. Pour ma part, j'aurais été frue qu'ils ne m'en donnent pas une! Je voulais minimiser la quantité de lavage à faire à mon retour à la maison, alors j'ai porté des jaquettes avec plaisir pendant tout mon séjour!

J'aurais tendance à dire que LA chose à ne pas oublier est que le gros de la job, c'est la parturiente qui la fait, le corps médical n'étant qu'un soutien et/ou un recours d'urgence. Mais encore là, il semble que dans certaines régions des femmes demandent des césariennes électives sans raison médicales, i.e. veulent que "la job" soit faite à leur place... Bref, ce qu'on trouve trop médicalisé ou non est vraiment une question de culture.

Tu parles de médecin en scrub et ça me fait bien rire... Je fais ma vaisselle avec des gants alors ce n'est pas moi qui l'aurait reproché! ;-) Mais ça n'était pas comme ça à mon accouchement... J'étais suivie pour ma grossesse par une R1. À mon accouchement, elle était en sarrau, pas en scrub. Quant à sa patronne, qui n'était là que pour moi ce jour-là semble-t-il, elle était toute bien habillée, et même maquillée! Mon chum a même dit qu'il trouvait qu'elle était "pas mal pitoune pour aller faire un accouchement!" J'imagine qu'elle se disait que si tout allait bien, elle laisserait la job salissante à la R1... Moi j'avais surtout peur de lui chier dessus, au sens propre! ;-)

Anonyme a dit...

Mouarf :D

Personne m'a chié "dessus". Même si j'ai été témoin de quelques cacas... Même si j'ai recu ben des affaires ! en fait, j'ai vu beaucoup plus de caca de bébé...

Quel moment, dans la vie de quelqu'un, quand on y pense... d'utiliser pour la première fois, son derrière ! (ooookay... off topic !)

Je suis d'accord avec toi, pour la jaquette d'hopital... même si elles sont pas "super jolie", quand on pense au lavage qu'on sauve !! :D C'est pas une vraie plainte ca, ca compte pas !

Pour ce qui est des césariennes, je n'ai aucun de mes patrons qui l'aurait préféré à un accouchement vaginal ! Alors je suis réassurée !

Enfin... j'essayais un peu de comparer ce que j'ai vu dans mon stage et ce que j'ai discuté avec des sages femmes dans le grand nord :)

Comme tu l'écrivais dans ton autre texte auquel tu fais référence, ce que j'ai pu voir, c'est qu'on tente effectivement de faire un juste milieu !

Pis tant mieux :)

Silvana a dit...

J'ai trouvée ton texte très intérressant, et très pertinent. C'est comme si on avait réussi ou pas notre accouchement, quand dans l'fond, on a toutes un bébé dans le ventre qui doit sortir de là, d'une façon ou d'une autre!

J'ai beaucoup aimé aussi l'intervention de Marie l'urbaine: muy justo! (très juste!)

Et que dire de votre "conversation" entre toi et Marie, wannabe md! Super intérressant! Deux femmes très intélligentes!

Je reviendrais faire un tour sur ton blog, ça c'est sûr!

Anonyme a dit...

Wow, j'ai bien fait de revenir ici, la conversation a continué et est super intéressante ! Et merci Silvana ! :)

Je suis "revenue" pour te dire lucie que je recommande (avec un hyperlien) ton texte ici : http://plaisirs.kimitsu.org/index.php?showtopic=6169&st=0&gopid=75662&#entry75662

:)

Éphée Lafée a dit...

Quel sujet!
Pour ma part 4 accouchements... des "ratés" ;-) et des "réussis";-)
Avec, eh oui, le sentiment de ratage qui va avec les ratés, et l'auto-tape sur l'épaule pour les réussis! Que voulez-vous; on n'échappe pas à la norme ambiante; on y baigne!

Une chose m'énerve souverainement; quand une femme dit "le médecin qui m'a accouchée"! À moins d'une césarienne... on fait ça nous même non?